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Les réformes du Front Populaire (1936 – 1938)

En mai 1936, une coalition de gauche formée face au danger fasciste de l’époque et composée de la SFIO, du Parti Radical et du Parti Communiste Français, le « Front populaire », remporte les élections législatives : cette coalition est rendue possible car Staline, qui craint les régimes fascistes, incite les Communistes à l’alliance avec la gauche. En effet, jusque-là, le Parti Communiste ne coopérait pas avec les autres partis de gauche. Suite à l’impuissance des gouvernements radicaux précédents, notamment dans leur politique déflationniste, la SFIO forme son premier gouvernement de la Troisième République et ouvre la voie à de multiples réformes.

Brochure du Front populaire datant de 1936
Brochure du Front populaire datant de 1936

Dès le lendemain de l’élection de 1936, on assiste à des grèves massives, avant même que Léon Blum ne forme son gouvernement, auquel les Communistes refusent de participer. On a alors pu compter en France jusqu’à deux millions de grévistes : ceux-ci font pression pour obtenir des réformes et des hausses de salaire. Le patronat finit par céder, et le 7 juin 1936 une réunion se tient à Matignon pour sceller des accords entre les représentants du patronat et des syndicats, notamment la CGT : ce sont les Accords de Matignon. Ces accords prévoient des hausses de salaires de 7 à 15% afin de relancer la consommation et donc la production. C’est une différence marquée avec la politique déflationniste des gouvernements précédents. Blum, qui ne souhaitait ni inflation ni déflation, définissait son programme comme un programme de « réflation ». Ces accords établissent également l’instauration de conventions collectives obligatoires entre employeurs et employés et la création des deux premières semaines de congés payés, à l’origine du développement du tourisme. Enfin, elle limite le travail à 40 heures par semaine afin de lutter contre le chômage.

Des réformes de structure et des nationalisations limitées

Si le Front Populaire est relativement éphémère, il est aussi à l’origine de quelques réformes de structures durant ce court épisode. En août 1936, l’Office National Interprofessionnel du Blé (ONIB) est créé afin de réguler les cours du blé et soutenir les salaires des producteurs céréaliers. L’ONIB, doté d’un budget important, est aussi chargé de racheter les surplus de blé. C’est un filet de sécurité pour les agriculteurs français. En 1936, la Banque de France devient Banque de la France. En effet, le Cartel des gauches s’était confronté à la Banque de France, dont le capital est détenu par des actionnaires privés, les «  200 familles » ou « régents », qui ont le droit de vote à la Banque de France. Blum souhaitait qu’elle puisse moins facilement s’opposer au gouvernement. Ainsi, le conseil général, constitué de 20 membres, remplace le conseil des régents. Il sera désigné par un vote des actionnaires qui sont alors 40 000 à l’époque. De plus, deux fonctionnaires du ministère des finances siégeront de droit. Mais la Banque de France ne sera nationalisée qu’en 1945. Au final, le Front Populaire n’a pas beaucoup eu recours aux nationalisations à l’exception des usines d’armement, ainsi que de l’aéronautique transférée de Paris vers Toulouse pour des raisons stratégiques en août 1936. Enfin, les chemins de fer ont également été nationalisés par Camille Chautemps avec la création de la SNCF en 1937.

Mais si ces réformes sociales permirent au Front populaire de se maintenir un temps au pouvoir, l’accumulation de difficultés économiques poussa Léon Blum à la démission en juin 1937 avant de mettre fin au Front populaire en 1938.

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