Pays industrialisés

L’Allemagne et l’hyperinflation dans les années 1920

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Billet de 500 millions de marks le 26 septembre 1923
Billet de 500 millions de marks le 26 septembre 1923

Les origines de cette crainte remontent à la période d’hyperinflation de 1923 : période qui a vu s’effondrer le mark, mais aussi la croissance allemande, ouvrant ainsi la voie aux troubles intérieurs qui amèneront le nazisme au pouvoir. Une fois n’est pas coutume, l’origine de l’hyperinflation (et par conséquent de la Seconde Guerre mondiale) est la Première Guerre mondiale. A la fin de ce conflit, l’inflation toucha toutes les nations européennes, surendettées. L’Allemagne fut contrainte, par le traité de Versailles, le 28 juin 1919, à verser 132 milliards de marks-or de 1914 comme indemnités de guerre aux nations lésées dont 52% pour la France. L’économiste John Maynard Keynes, préconise quant à lui la somme plus réaliste de vingt milliards de marks-or, mais la logique de la France est de « faire payer le boucher », comme le dit Georges Clemenceau.

Le cabinet du chancelier Wilhelm Cuno réclame un sursis le 22 novembre 1922 en échange de la stabilisation monétaire du pays. Le calcul de Cuno était de risquer l’affrontement avec la France en espérant que l’opinion publique internationale la ferait plier. Mais la réaction de Paris prend le gouvernement allemand au dépourvu. Le 11 janvier 1923, à l’instigation du Premier ministre français Raymond Poincaré, les armées française et belge envahissent le bassin industriel de la Ruhr et tentent de pousser la population au séparatisme. Cette zone étant d’un intérêt capital pour l’économie allemande déjà au bord du gouffre, sa confiscation plonge le pays dans l’hyperinflation.

En novembre 1923, le dollar vaut 4200 milliards de marks, contre 4,2 marks avant le premier conflit mondial en 1913. Les prix des repas servis au restaurant varient selon l’heure de la commande et l’heure à laquelle l’addition est présentée, si bien que les restaurateurs doivent offrir des plats en plus à leurs clients. Les ménagères souhaitant faire leurs courses amènent des liasses de billets en landau et brûlent les billets de banques pour chauffer leur cheminée, le bois étant plus onéreux. Sous la houlette de Hjalmar Schacht, le gouvernement parvient à arrêter l’inflation en mettant en place le Rentenmark le 20 novembre 1923. Le Papiermark se retrouve alors démonétisé et 1000 milliards de marks représentent un Rentenmark. Cette monnaie retrouve les parités du mark d’avant 1914. Grâce à cette monnaie, l’État parvient à annuler 99% des dépôts des caisses d’épargnes, 97,5% des dettes de l’État et 75% des emprunts hypothécaires.

Les conséquences économiques de la crise sont contrastées. Si certaines couches de la population se retrouvent ruinées, d’autres s’en tirent sans trop de dommages. La prolétarisation des couches moyennes dont on parle parfois n’aurait pas eu lieu, mais cet épisode d’hyperinflation a pu favoriser certains spéculateurs ou industriels endettés. Sur le plan politique, on assiste à la mise en place du cœur du mouvement nazi. L’hyperinflation de 1923 est un moment-clé dans la carrière d’Hitler : il brise le mouvement de consensus civil qui prédomine et radicalise ses thèses antigouvernementales. Un nouveau mouvement est né et entraînera la République de Weimar dans l’abîme.

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