La « big stick policy » ou les prémices de l’impérialisme américain
La politique du « gros bâton » ou « big stick policy » faire référence aux années 1901-1909, dates du double mandat de Théodore Roosevelt (qui n’avait aucun lien familial avec Franklin D. Roosevelt), 26e président des Etats-Unis.
Pourquoi « gros bâton » ? Question fréquemment posée, dont la réponse n’a pas été clairement présentée par Roosevelt. En réalité, il semble que ce soit un emprunt au proverbe africain « parle doucement et porte un gros bâton ».
Par cette politique, les Etats-Unis s’arrogent, unilatéralement, un droit de police sur leurs voisins, et plus généralement sur l’ensemble de l’Amérique. Selon Roosevelt, la paix et la sécurité des Etats-Unis nécessitent un armement préventif et ce droit d’intervenir unilatéralement hors des frontières. Cette politique apparait comme le prolongement de la doctrine Monroe, formulée en 1823. Elle est plutôt la concrétisation politique de cette doctrine : là où Monroe affirmait que l’Europe ne pouvait intervenir dans les affaires américaines (et vice-versa), Roosevelt affirme lui que les Etats-Unis peuvent intervenir là où bon leur semble.
Mais pour nous, l’acte fondateur de cette politique est la construction du canal de Panama entre 1904 et 1914. Ce projet, à l’origine voulu par Ferdinand de Lesseps et les français, a avorté, suite à des dénonciations de corruption et de pots de vin dans la politique française. Résultat, Roosevelt reprend ce projet en main, capitalise son influence sur l’Amérique du Sud, et se porte garant d’un des projets les plus importants de l’histoire de la navigation, permettant des gains de temps considérables, sans passer par le détroit de Magellan. Cette construction n‘aurait été possible sans l’aide américaine apportée au Panama dans sa lutte pour l’indépendance vis-à-vis de la Colombie.
Cette politique du gros bâton sera abandonnée par son successeur Taft dès 1910, privilégiant la « diplomatie du dollar ». Avec Taft, la domination devient plus économique : c’est l’apogée des investissements de l’United Fruit en Amérique Centrale. La politique du gros bâton renaitra. D’abord en pleine Guerre Froide, à mesure que les guérillas révolutionnaires naissent, avec certains échecs cuisants (la Baie des Cochons cubaine, par exemple). Son bras armé est la CIA, créée au sortir de la guerre, qui n’hésite pas à déstabiliser ou à renverser des gouvernements sud-américains. L’exemple le plus connu (ou mal connu ?) est celui d’Allende en 1973. Mais n’oublions pas Goulart au Brésil en 1964…
En tout cas, Roosevelt, sans le savoir, a jeté les bases de ce qui sera l’impérialisme américain, utilisé à maintes reprises au XXe siècle, et encore aujourd’hui. Mais l’Amérique Latine n’est plus la seule concernée (hélas ?). Vietnam, Afghanistan, Irak : quelques exemples d’une domination américaine, plus ou moins concertée. Les Etats-Unis, désormais, « parlent fort, et mènent le monde à la baguette »…