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Le réchauffement climatique au filtre des enjeux économiques et géopolitiques

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Le coût exponentiel des catastrophe naturelles : argument massue pour mobiliser les politiques ?
Le coût exponentiel des catastrophe naturelles : argument massue pour mobiliser les politiques ?

A la manière de Ségolène Royal qui, en France, cherche à faire oublier l’écologie punitive au profit d’une écologie productive, la prise de conscience environnementale sur la scène mondiale passe par une adaptation du sujet aux classiques vecteurs de sens contemporains que sont l’économie où les relations inter-étatiques.

Ce mouvement, consistant à passer la problématique environnementale au spectre des coûts qu’elle pourrait engendrer, se donne à voir dans de nombreux cas de catastrophe naturelle. Plus qu’aucune campagne publicitaire, les successives sécheresses estivales en Californie mobilisent populations et pouvoirs locaux. De nombreux producteurs d’agrumes sont contraints d’acheter de l’eau à des tiers et de laisser mourir une partie de leurs arbres pour assurer au mieux la survie des autres. Ils adaptent leurs prix de vente en conséquence, le consommateur lambda étant ainsi lui aussi indirectement touché. Parallèlement, les autorités californiennes renforcent le rationnement de l’eau via une politique d’amendes de plus en plus sévères. La nouveauté est que ces évènements, de par leur régularité et leur intensité, ont été à l’origine d’une réaction forte du Président Obama lui-même, qui n’hésite pas à directement relier ces évènements au réchauffement climatique. Il a au début de l’année 2014 annoncé le déblocage d’un fonds d’aide de 100 millions de dollars et a promis d’engager la discussion au Congrès à propos d’un plan d’un milliard de dollars destiné à « aider les communautés à se préparer au changement climatique ».

Au même moment, le Royaume-Uni a lui connu des inondations parmi les plus graves de son histoire, qui ont coûté 1,5 milliards d’euros aux assurances et provoqué un débat national clivé quant au lien supposé de cet événement avec le réchauffement climatique.

Au plan de la gouvernance économique mondiale, l’enjeu de la conciliation entre économie et environnement est aussi le sujet de nombreux travaux. Nicolas Stern, ancien économiste à la Banque mondiale, avait rédigé dès 2006 un rapport dans lequel il annonçait d’ici à 2050 un recul du PIB mondial compris entre 5 et 20% si rien n’était fait pour décarboner les systèmes productifs. Le même Nicolas Stern, dans un rapport qu’il remettait avec Felipe Calderon une semaine avant le sommet de l’ONU sur le climat fin septembre, avance que d’ici à 2030, des investissements respectueux de l’environnement ne reviendraient que 5% plus chers que les investissements prévus pour augmenter la production mondiale. Suivant cette logique, des fonds d’investissements (celui géré par les Rockefeller notamment) se sont engagés, en marge du sommet de l’ONU, à progressivement orienter leurs capitaux vers des investissements compatibles avec un développement durable.

Selon une autre perspective, des arguments géopolitiques ont aussi été mis en avant dans une logique environnementaliste. Ainsi, au moment de la crise ukrainienne et des tensions avec la Russie, il a été souligné que devant la dépendance énergétique européenne à l’égard de son voisin et du manque de véritable alternative crédible, les économies d’énergie et un travail approfondi sur la sobriété constituaient une piste à ne pas négliger.

Ainsi, dans un contexte de crises économique et politique peu favorable à la diffusion de convictions écologistes, la cause environnementale se pare d’atours susceptibles d’entrer en résonance avec les priorités actuelles de gouvernance. A défaut de suffisamment fédérer, peut-être l’avenir de la cause environnementale repose-t-il dans cette capacité à traduire ses idées selon les codes dominants actuels ?

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