Schneider Electric, de l’industrie lourde aux réseaux intelligents (2/2)
Dans un article précédent, nous évoquions la nouvelle stratégie de Schneider Electric, tournée vers des services de gestion intelligente des réseaux d’énergie. Un changement majeur qui articule cessions d’une part, innovation d’autre part.
Cette orientation suppose donc dans un premier temps de recentrer la structure de l’entreprise, notamment par la cession des actifs devenus moins intéressants. En 2014/15, le groupe a ainsi cédé CST, sa filiale spécialisée dans les capteurs, Juno Lighting consacrée aux éclairages mais aussi la branché électroménager d’Invensys ainsi que Kapsh TrafficCom AG, filiale spécialisée dans la gestion de la circulation, péages et tunnels. De même, les activités plus traditionnelles du groupe subissent une concurrence accrue de la part de pays émergents, ce qui a conduit le groupe à réorganiser son activité transformateurs. En réduisant notamment les effectifs dans sa filiale France Transfo mais aussi et surtout en fermant son usine du Petit-Quevilly et en y supprimant les 89 postes inhérents. Des mesures qui s’inscrivent dans un programme global de réduction et rationalisation des coûts, escomptant 1 milliards d’euros de gains de productivité dans la gestion logistique sur trois ans et près de 500 millions dans les coûts de structure.
De l’argent dédié au désendettement mais aussi à réinvestir, cette fois-ci en interne, notamment pour le développement de logiciels avec une attention particulière portée à l’Asie, à l’image des 65 millions d’euros investis en 4 ans à Singapour pour la création d’un centre de recherche « logiciels ».
Articulation de son savoir-faire entre hardware et software
Parallèlement, le défi que suppose la nouvelle stratégie du groupe est celui d’un nouvel équilibre à trouver entre matériel d’une part, logiciels et programmes l’exploitant d’autre part. Deux fronts complémentaires sur lesquels Schneider apparaît innovant.
Côté hardware, le groupe s’est distingué fin 2015 avec le lancement d’une batterie « EcoBlade », concurrence directe à celle de Tesla, permettant à des particuliers et professionnels de stocker de l’énergie issue de sources renouvelables. Des solutions qui représentent quatre heures de consommation moyenne, soit 2 kWh pour la version particuliers et 100 kWh pour celle dédiée aux grandes structures (universités, villages, bureaux, administrations…). Parallèlement, le groupe s’intéresse à l’Internet des objets. Schneider a ainsi rejoint l’alliance LoRa, association à but non-lucratif regroupant des start-ups comme des grands groupes autour du développement de la technologie éponyme, caractérisée par son bas-débit mais sa longue portée qui en font un moyen de communication particulièrement adapté au développement de l’internet des objets. On trouve IBM, Cisco, HP, Foxconn, Bouygues Télécom mais aussi diverses start-up, toutes intéressées à leurs niveaux et dans leurs secteurs (hardware, software, infrastructures…) par le développement de cette technologie.
Des technologies qui apparaissent directement complémentaires : la délivrance ou la conservation de l’énergie par la batterie sont amenées à être optimisées par la batterie selon les données relatives à la météo ou aux prix de l’énergie, pour une meilleure allocation de l’énergie en fonction de l’évolution des besoins. Un premier pas dans ce nouveau contexte numérique, qui de nouveau oblige Schneider à s’ouvrir sur de nouvelles technologies tout en capitalisant sur son traditionnel savoir-faire.