Renault à la conquête du monde
Fondée en 1899 par les deux frères Renault, l’entreprise française se développe de plus en plus à l’international depuis sa privatisation en 1990, multipliant les délocalisations et les alliances, tout en cherchant à conquérir les marchés des pays émergents.
Avec la mondialisation, le secteur automobile connait dans les années 1990 un mouvement de concentration (fusions et rachats de groupes) : les firmes se mondialisent afin de s’implanter sur de nouveaux marchés porteurs mais aussi de réduire leurs coûts. Bien installé en Europe et en Amérique Latine, Renault doit encore conquérir l’Asie, alors aux prémices de sa croissance. La compagnie française s’allie donc avec le groupe japonais Nissan en 1999, alors en difficultés financières, donnant naissance à l’alliance Renault-Nissan, fer de lance de la conquête du marché asiatique. Mais Renault décide de ne pas en rester là et se résout à s’implanter sur le premier marché mondial de l’automobile : la Chine. En 2013, la firme française entame des négociations avec Dongfeng pour créer une co-entreprise à Wuhan, au centre-est de la Chine, avec un objectif de production de 150 000 véhicules par an. Alors que l’Asie Pacifique représente aujourd’hui la moitié du marché mondial, la zone ne générait que 10% des ventes de Renault en 2013. Le groupe français compte bien renverser cette tendance avec sa nouvelle voiture low-cost, la Kwid, conçue et produite en Inde.
Si Renault investit largement dans les continents émergents, elle demeure un acteur incontournable de l’automobile en Europe (43% de ses ventes en 2015). La conquête du marché européen s’est largement bâtie autour du rachat en 1999 du constructeur roumain Dacia, profitant des opportunités offertes par la libéralisation de l’Europe de l’ouest à la suite de la chute de l’URSS. L’objectif de Renault était de fabriquer la Logan, un véhicule fiable et abordable, censé séduire les pays émergents. Bien que le marché automobile européen ait subi de plein fouet la crise de 2008, il connaît aujourd’hui un regain (ventes de Renault ont progressé de 10,3% en 2015), de quoi compenser les difficultés du groupe français à l’international, avec un recul notable de ses ventes en Russie (-38%) et au Brésil (-23,5%).
Cela dit, si Renault est une firme transnationale, c’est aussi en raison des sites de conception et de production qu’elle détient à l’international. Renault possède ainsi l’un de ses plus gros centres de recherche et développement à Giheung, proche de Séoul, disposant d’un centre de design chargé de concevoir des modèles en accord avec les particularismes des pays de la région. En outre, Renault a délocalisé une grande partie de ses sites de production français. En 2010, seuls 20% des véhicules Renault étaient produits en France, et deux tiers des voitures Renault immatriculés en France étaient fabriquées en dehors de nos frontières. Finalement Renault, fleuron de l’industrie automobile française, est un exemple même d’entreprise mondialisée, articulant conception et production à l’international et conquête des marchés émergents.