Le taylorisme
En 1911, l’ingénieur américain Taylor publie L’Organisation Scientifique du Travail (OST) dans lequel il expose comment recourir à un management plus efficace et plus productif. Son souci principal est d’éviter le temps perdu afin de trouver « the one best way », autrement dit le système productif le plus efficace. Selon Taylor, en effet, le travail est organisé de façon irrationnelle. De cette manière, il montre aussi que les besoins en ouvriers qualifiés sont moins importants qu’il n’y paraît aux Etats-Unis. Il suffit en effet de ne recourir qu’à des ouvriers spécialisés.
Ainsi, cette théorie repose sur une division du travail qui implique de poster chaque employé à une tâche très précise. Elle est associée à la standardisation, déjà utilisée par le fabricant d’armes Colt à la fin du XIX° siècle. La mécanisation des tâches devient elle-aussi un élément indispensable afin d’aboutir à la meilleure productivité possible. Le travail chronométré est alors généralisé et le système de primes récompensant les ouvriers les plus productifs également. Le contrôle ouvrier se répand aussi dans les usines. L’exportation de cette théorie, même si elle trouvait ses adeptes parmi le patronat étranger, fut parfois difficile, en témoignent les grèves des ouvriers de Renault en France en 1912 et 1913 pour mettre fin au chronométrage dans les usines.
Cependant, nombreux furent ceux qui critiquèrent les effets pervers de cette méthode sur la condition de l’ouvrier, contraint de répéter inlassablement les mêmes gestes et privé de toute activité intellectuelle. La démotivation, qui peut se traduire par de l’absentéisme, un turn-over trop important et couteux pour les entreprises ou même par des grèves, en est l’aspect le plus visible. Parfois, les ouvriers étant tellement spécialisés dans leur tâche répétitive, ceux-ci avaient à peine connaissance du produit final qu’ils contribuaient à faire. Les critiques à l’égard de cette méthode « déshumanisante » se sont ainsi manifestées à de multiples reprises, par exemple avec le film Modern Times de Charlie Chaplin ou celui de René Clair, A Nous la Liberté.
Le taylorisme sera à l’origine du fordisme, fondé notamment sur une politique de hauts salaires, et inspirera plus tard un post-taylorisme illustré par exemple par le toyotisme, créé au Japon et qui prend davantage en compte le facteur humain.