Jean Monnet – Biographie
Né le 9 novembre 1888 à Cognac et mort le 16 mars 1979 à Bazoches-sur-Guyonne (Yvelines). Issu d’une famille de négociants en cognac, il débute sa carrière dans l’entreprise familiale à seize ans après avoir quitté l’école. Il voyage beaucoup pour les affaires et en tire une excellente maîtrise de l’anglais (chose rare pour un Français à l’époque). Cela lui sera très utile pour ses négociations futures.
En 1914, réformé à 26 ans, il obtient du président du Conseil René Viviani la création et la direction d’un pool maritime franco-britannique pour optimiser les transports de vivres, munitions et matière premières. En 1919 il travaille à la création de la Société des Nations et en devient le numéro deux. Il effectue des missions en Europe de l’Est. Secrétaire général de l’organisation en 1920, il supervise la reconstruction allemande. Il démissionne en 1923 et s’engage dans une carrière d’homme d’affaires et de financier international, travaille en France et aux États-Unis où l’entreprise familiale s’enrichira pendant la prohibition. Entre 1934 et 1936 il part en Chine comme conseiller de Tchang Kaï-chek, qui voulait moderniser son pays.
Il préside en France, dès décembre 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale, le comité de coordination visant à mettre en commun depuis Londres, les capacités de production de la France et du Royaume-Uni en vue de préparer et de coordonner l’effort d’armement. Avant la capitulation française, il convainc Churchill, dans une note intitulée Anglo-French unity, de l’intérêt d’une fusion immédiate de la France et du Royaume-Uni avec un seul Parlement et une seule armée. De Gaulle est intéressé mais le projet échoue à un jour près car le Président Reynaud est remplacé par Pétain. Monnet est d’accord avec De Gaulle sur l’intervention certaine des Américains, mais il rejette le projet de « France libre ». En août 1940, Jean Monnet est envoyé aux États-Unis par le gouvernement britannique, pour négocier l’achat de fournitures de guerre. Il persuade Roosevelt et met sur pied le colossal« Victory program » : une coordination de l’effort de guerre entre les États-Unis et le Royaume-Uni jusqu’en 1945.
Il est chargé d’appliquer le premier plan de modernisation et d’équipement du pays, de 1947 à 1953. Son plan de reconstruction est plébiscité par la population française. De 1952 à 1955, il est premier président de la Haute Autorité du CECA et anime en 1956 un Comité d’action pour les États-Unis d’Europe. S’ensuit l’élaboration du traité de Rome le 25 mars 1957 et le projet d´élargissement de la Communauté au Royaume-Uni. En 1963, il crée à Lausanne l’Institut de recherches historiques européennes et assure sa présidence jusqu’en 1965. Le 2 avril 1976, il est sacré « Citoyen d’honneur de l’Europe » et considéré comme un des pères de l’Union européenne. En 1975, il prend sa retraite pour écrire ses Mémoires et décède à 91 ans.
Une citation de Jean Monnet résume parfaitement sa vision politique et son état d’esprit : « Nous ne coalisons pas les Etats, nous rassemblons les hommes ».