La Libye en marche vers la démocratie
Les dirigeants provisoires libyens actuels (qui forment le CNT, Conseil National de Transition), ont affirmé ce lundi leur volonté de se retirer une fois les derniers vestiges de l’ère Kadhafi définitivement anéantis dans sa ville natale de Surt, ce qui accélérerait considérablement l’instauration d’un gouvernement d’intérim avant la tenue d’élections nationales.
Cette annonce faite par le chef du Conseil Mustafa Abdul-Jalil et son Premier Ministre temporaire Mahmoud Jibril, suggère que le CNT a redéfini sa conception de la victoire dans le conflit qu’il mène depuis plus de huit mois contre Mouammar Kadhafi, toujours introuvable depuis que les forces révolutionnaires anti-Kadhafi ont envahi la capitale Tripoli fin août dernier. Auparavant, le CNT considérait que le conflit ne serait officiellement terminé qu’une fois le pays pacifié et les principaux hommes de main de Kadhafi sous contrôle (i.e. arrêtés, tués, ou définitivement expulsés). Le Conseil a donc réduit ses critères de victoire à la neutralisation de Surt, dernier bastion pro-Kadhafi, sur la côte méditerranéenne.
Il s’agit donc d’une preuve tangible, de la part du CNT, de l’affirmation non seulement d’une volonté de stabilisation politique aussi rapide que possible, et plus largement des prémices de l’instauration d’une véritable démocratie en Libye.
Les dirigeants du CNT ont également annoncé la création d’un nouveau ministère dont l’action serait consacrée aux victimes du conflit. Ils pensent pouvoir mettre en place un gouvernement d’intérim dans un délai d’un mois après la prise définitive de la ville de Surt, et jurent « ne pas prendre part au gouvernement libyen futur, quel qu’il soit ».
Si le gouvernement de transition est aujourd’hui reconnu par la communauté internationale, en particulier les Etats-Unis qui leur apportent un grand soutien matériel et logistique, comme l’autorité de référence en Libye, de nombreuses questions restent en suspens. Parmi elles celle du retour des exilés du régime Kadhafi, dont 38 000 juifs obligés de fuir la Libye après la guerre israélo-arabe de 1967, et les enjeux qui préoccupent les Etats-Unis plus particulièrement : les rivalités régionales, la diffusion incontrôlée d’armes dangereuses depuis l’arsenal des milices de Kadhafi, l’influence potentielle de groupes islamiques en Libye qui pourraient venir troubler une stabilité politique qui semble se dessiner peu à peu…