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Iran — États-Unis : la guerre des drones

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La montée des tensions dans le Golfe persique a peu de chances de déboucher sur un conflit ouvert et direct entre nations. En revanche, la guerre technologique mêlant drones et cyberattaques bat son plein.

Drone iranien Ababil
Drone iranien Ababil

La hausse des attaques par drones

Le 25 août, des drones israéliens ont bombardé la banlieue sud de Beyrouth. Dans un geste inédit depuis le conflit meurtrier de 2006, l’État hébreu a attaqué frontalement son grand ennemi, le Hezbollah. Ce mouvement libanais est le seul au Moyen-Orient à avoir infligé une défaite militaire à Tsahal au cours du dernier conflit de 2006. Les bombardements en Syrie des positions du Hezbollah sont nombreux depuis l’implication de ce dernier aux côtés de Bachar el-Assad.

La récente attaque près de Beyrouth démontre une volonté renforcée d’Israël de cibler son rival au cœur de son territoire. Cette attaque est considérée comme une « déclaration de guerre » par le président libanais Michel Aoun. Les représailles menées par le Hezbollah, conduisent ainsi à une nouvelle escalade des tensions sur les bords de la Méditerranée.

Cette attaque par drones doit être comprise dans le cadre général des tensions entre les États-Unis et l’Iran. En 2019, les attaques par drones se sont multipliées au Moyen-Orient. L’Iran a abattu en juin un drone de surveillance états-unien dans le Golfe persique. Par la suite, une frappe, probablement lancée par des milices irakiennes en juillet, a visé des installations pétrolières saoudiennes. En août, Israël a bombardé des camps de ces mêmes milices en Irak. Cette offensive inédite a — selon le renseignement irakien — été menée depuis une base en Syrie avec le soutien états-unien et saoudien.

En août toujours, les Houthis yéménites ont abattu un appareil américain. Par ailleurs, les Houthis ont attaqué par drone des installations pétrolières saoudiennes en juin. Les rebelles yéménites mènent depuis des incursions aériennes quasi quotidiennes dans ce territoire ennemi. Les bombardements réguliers de la coalition menée par l’Arabie saoudite sont ainsi loin d’avoir vaincu ces groupes du nord-Yémen.

Une drôle de guerre

Le point commun de toutes ces actions militaires est d’avoir impliqué des drones. La guerre qui se joue autour de l’Iran est nouvelle, par sa forme, son degré de technologie impliqué et le fait qu’elle ne se déclare pas comme guerre. Pourtant, la simple définition de la guerre selon Hobbes[1] ne laisse pas de doute sur la situation qui prévaut dans la région.

Le tenue du G7 de Biarritz a été l’occasion inattendue d’une rencontre entre Emmanuel Macron et Mohammed Javad Zarif. La visite surprise du chef de la diplomatie iranienne incite à penser qu’une détente des relations internationales est en cours. Cependant, dans l’espace qui est « la continuité de la politique par d’autres moyens », les confrontations se maintiennent à un haut niveau.

Toutes les récentes attaques impliquant des drones démontrent une ferme volonté des alliés des États-Unis (Israël et Arabie Saoudite) de réduire les capacités logistiques de l’Iran et de ses proches alliés (Hezbollah libanais, Houthis, milices chiites irakiennes). En outre, ces derniers ont perçu une aide importante de l’Iran pour développer leurs propres arsenaux en matière de drones. Le modèle principalement exporté par l’Iran est l’Ababil, qui présente l’avantage d’être peu coûteux et simple d’utilisation.

Violence contenue et tensions accrues

Au-delà des drones, c’est avant tout une confrontation de technologies qui se joue. Les États-Unis ont récemment piraté les données informatiques iraniennes. Cette manœuvre visait à empêcher ce dernier de menacer le trafic maritime dans le détroit d’Ormuz. De même, une partie du conflit se joue sur la capacité des acteurs à intercepter ou neutraliser un drone sans emploi d’armes conventionnelles.

En mars 2019, l’Iran a organisé un exercice impliquant plus d’une cinquantaine de drones. Parmi ceux-ci, des versions iraniennes des drones états-uniens MQ-1 Predator et RQ-170 Sentinel. Conçus à l’origine à des fins de surveillance et de renseignement, les modèles iraniens sont désormais dotés de capacités offensives importantes.

Aujourd’hui, l’emploi de cette technologie offre une profondeur stratégique majeure. Elle permet à cet égard de surveiller et menacer les intérêts ennemis à un moindre coût. En outre, la destruction d’un de ces engins présente moins de risques politiques que la neutralisation d’un autre système de combat habité. Les risques d’escalade sont ainsi contenus alors que dans le même temps les tensions générées par de tels systèmes vont croissantes.

 

[1] « La guerre [est] cet espace de temps pendant lequel la volonté d’en découdre par un combat est suffisamment connue. » Thomas Hobbes, Léviathan, folio, p.224.

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Arnaud FORAY

Diplômé en Sociologie et philosophie politique à l'Université Paris 7 ainsi qu'en Défense, sécurité et gestion de crise à l'institut IRIS Sup', Arnaud Foray est spécialisé en analyse politique et géopolitique sur la région Moyen-Orient, en particulier sur la pensée d'Ibn Khaldûn et les mouvements islamiques en Irak, au Liban et sur la Palestine.

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