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G20 à Hambourg : America first, America alone ?

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Le G20, réuni à Hambourg, n’est pas parvenu à trancher les désaccords concernant le climat et le commerce entre les États-Unis et les autres membres du sommet, malgré une déclaration finale sous forme de consensus a minima afin de sauver les apparences. L’isolement international du président des États-Unis, Donald Trump, apparaît de plus en plus évident. Ce dernier s’est pourtant félicité des concessions obtenues à son retour à Washington.

Logo du G20 d’Hambourg

Le G20 à Hambourg en Allemagne était particulièrement attendu, tant le contexte international apparaît incertain : les nombreux incidents survenus en marge du sommet ont illustré cette dimension de tension dans les relations internationales. Après la décision de Donald Trump de retirer les États-Unis de l’accord de Paris, la question climatique s’annonçait comme l’un des points cruciaux lors des discussions entre les membres du G20 (les 19 premières économies mondiales, plus l’Union Européenne1). De fait, si le président américain n’a pas changé sa position, la déclaration finale juge l’accord de Paris « irréversible ». Celui-ci a cependant dit s’engager en faveur d’une diminution des émissions de gaz à effets de serre, seulement dans la mesure où celle-ci demeurerait compatible avec la croissance économique de son pays.

Les dirigeants français et britannique – Emmanuel Macron et Theresa May – espèrent toujours infléchir la position américaine, tandis qu’Angela Merkel est beaucoup plus pessimiste et tout porte à croire qu’elle a raison de l’être. Si les États-Unis sont pour l’heure isolés sur cette thématique, la Turquie a également ouvert la voie à une non-ratification de l’accord de Paris par le Parlement si des contreparties n’étaient pas obtenues par Ankara. Néanmoins, il était important pour la chancelière allemande d’obtenir quelque chose de ce G20, alors qu’elle devra lutter à l’automne pour remporter une nouvelle fois les élections législatives. Un passage du texte final pourrait mettre définitivement en péril ce qu’il reste de l’accord de Paris, dans la mesure où les États-Unis se disent prêts à aider d’autres pays moins développés à avoir accès aux énergies fossiles. Devant ce danger, le président français a annoncé la tenue d’un nouveau sommet sur le climat en France pour la fin de l’année, afin de discuter des modalités financières de l’accord et tenter de trouver un nouveau compromis avec les États-Unis sur la question climatique.

Climat, commerce : accords sur les désaccords

Merkel et Trump lors du G20 d’Hambourg

La question du commerce mondial a aussi permis de se rendre compte de la divergence entre les positions des États-Unis et des autres pays. Si la politique protectionniste de Donald Trump a été critiquée, la puissance de l’économie américaine lui a permis d’obtenir que soit inscrite dans le texte final la possibilité de mesures de protection pour les pays victimes de dumping : Trump menace notamment d’imposer des droits de douanes dans des secteurs stratégiques tels que l’acier ou l’automobile. Enfin, si d’autres sujets ont été évoqués, tels que la question des migrants, aucun consensus n’a été trouvé. Trump continue a jouer cavalier seul sur la scène internationale, et sa rencontre bilatérale avec Vladimir Poutine a largement éclipsé les discussions, compte-tenu des soupçons d’ingérence russe lors des présidentielles américaines.

Le G20 d’Hambourg pourrait donc marquer une rupture historique, tant le leadership américain semble affaibli. Alors que les États-Unis avaient jusqu’à présent toujours maîtrisé l’agenda des discussions lors de ces sommets et possédaient une large coalition de soutien, cela n’est clairement plus le cas. Néanmoins, si l’heure est – pour beaucoup de journaux et d’experts – à parler d’un « G19 » pour traduire l’isolement américain, ce bon mot est encore loin d’être une réalité : de profonds désaccords marquent les autres pays sur des thématiques précises comme sur la question syrienne ou celle des réfugiés, et le probable revirement turc sur le climat a montré la fragilité l’accord de Paris ainsi que la force diplomatique que peut avoir une décision des États-Unis. Pour ce qui est de « l’institution G20 », si elle a élargi son agenda à de nouvelles thématiques (elle fut créée pour répondre à la crise bancaire de 2008), elle n’apparaît pas plus capable de permettre une entente entre les grandes nations.

1 Allemagne, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, Etats-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie.

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Lucas MAUBERT

Doctorant en Histoire à l'Université de Tarapacá (Chili). Diplômé de l'IEP de Rennes et de l'Université Rennes 2. Rédacteur pour Les Yeux du Monde depuis 2016.

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