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Quel avenir pour les relations franco-italiennes ?

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La commémoration du 500ème anniversaire de la mort de Léonard de Vinci ce 2 mai 2019 a été l’occasion pour le Président français, Emmanuel Macron et son homologue italien, Sergio Mattarella, d’afficher une relation plus apaisée entre les deux pays après des mois d’escalade verbale. A moins de trois semaines des élections européennes, dans quel état sont réellement les relations franco-italiennes ?

Malgré une amitié de longue date, les tensions accumulées entre la France et l'Italie résulte en une dégradation considérable des relations entre les deux pays
La France et l’Italie font face à l’une des pires crises de leur Histoire

Une dégradation spectaculaire

Depuis l’arrivée de la nouvelle coalition gouvernementale au pouvoir en Italie en mars 2018, les tensions entre la France et l’Italie n’ont cessé d’augmenter. En effet, les idées portées par l’alliance entre le Mouvement 5 étoiles (M5S), parti centriste, et la Ligue du Nord, parti d’extrême droite, sont en profond désaccord avec la politique menée par le Président français. Les frictions se cristallisent autour de trois sujets clés : l’économie, la crise migratoire et la situation en Libye.

La figure phare de la politique italienne, Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur, s’est construit une image de « parler vrai ». Emmanuel Macron a payé les frais de cette rhétorique, parfois agressive. C’est ainsi que le Président français s’est fait traiter d’« incapable ». De même, Luigi di Maio, le dirigeant du M5S, accusait début 2019 la France « d’appauvrir l’Afrique » par ses pratiques « colonialistes ». Les passes d’armes verbales ont fusé dans les deux camps pendant plusieurs mois, notamment au moment de la crise de l’Aquarius, le bateau qui allait secourir des migrants dans la Méditerranée. Les tensions ont amené à des répercussions politiques et les ambassadeurs respectifs ont été appelés pour consultation. La dégradation des relations franco-italiennes semblait s’être empêtrée dans une spirale à long terme.

Une volonté d’apaisement

L’année 2019 a été celle du pic des tensions entre la France et l’Italie mais également celle de la commémoration d’un héritage commun. Le 2 mai dernier correspondait aux 500 ans de la mort de Leonard de Vinci, qui est enterré à Ambroise, en Indre-et-Loire, où il a passé les dernières années de sa vie. Toutefois, l’animosité installée entre les deux gouvernements n’a pas épargné leur relation culturelle. Ainsi, la secrétaire d’Etat à la Culture, Lucia Borgonzoni, s’est opposée à un prêt de tableaux du peintre au Louvre.  D’après elle « Léonard est italien, il est seulement mort en France. Les Français ne peuvent pas tout avoir« .

Malgré cette controverse, la visite du château d’Amboise a été placée sous le signe de la réconciliation. L’objectif affiché était celui de l’apaisement des relations franco-italiennes. Le Président italien, démocrate et chrétien, et le Président français partagent leurs valeurs et une même conception de l’Europe. Néanmoins, cette dernière est loin de celle prônée par Matteo Salvini. Finalement, Emmanuel Macron représente l’ennemi parfait pour la coalition gouvernementale en place en Italie. Il est en effet l’incarnation même de l’élitisme qu’ils disent rejeter. Il est d’ailleurs courant dans les partis d’extrême droite de définir des ennemis étrangers, comme la France ou les migrants.

L’enjeu des élections européennes

Cette commémoration a donc bien permise de mettre en scène la réconciliation entre la France et l’Italie. Néanmoins, au même moment, Matteo Salvini rencontrait Viktor Orban, le dirigeant hongrois, qui a également fait de l’immigration son cheval de bataille politique. Comme le note Christophe Bouillaud, professeur de science politique à l’IEP de Grenoble, la rencontre simultanée de ces deux duos si opposés idéologiquement envoie une image forte. Elle vient rappeler l’enjeu des élections européennes à venir, sur lesquelles les partis de droite et d’extrême droite comptent beaucoup. Chaque parti part à la recherche d’alliances supranationales sur la base de valeurs communes. C’est dans cette optique que la coalition italienne a affiché son soutien au mouvement des « Gilets Jaunes » en France.

L’enjeu est d’autant plus important en Italie où se joue une bataille entre les deux partis au pouvoir. En effet, le M5S a cédé de nombreuses concessions à la Ligue au niveau gouvernemental, notamment sur ses positions très nationalistes. L’enjeu des européennes est donc celui d’un espace possible où reprendre la main.

La dégradation pharamineuse des relations franco-italiennes s’est finalement cristallisée autour de deux hommes forts. En Italie, Matteo Salvini se présente comme chef de file des eurosceptiques. En France, Emmanuel Macron souhaite quant à lui diriger le renouveau de l’Europe. Dans tous les cas, les résultats des élections du 26 mai viendront donner une nouvelle tournure aux relations franco-italiennes.

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Claire Desdouits

Spécialisée sur l'étude des conflits et la gestion de crises internationales, je porte un intérêt particulier pour ces sujets ainsi que les jeux politiques qui les entourent.

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