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La modernisation du TLCUEM : un moyen de dépasser le recul protectionniste des USA ?

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Depuis l´arrivée au pouvoir de Trump, l´UE et le Mexique souhaitent renforcer leurs liens commerciaux à travers la modernisation du TLCUEM (traité de libre-échange entre l´UE et le Mexique). Cette alliance géostratégique pourrait s´avérer être un tournant pour ces deux espaces économiques en recherche de nouveaux partenaires. Et ce, malgré quelques distorsions qui ralentissent la signature de ce traité « nouvelle génération ». 

Le TLCUEM, un accord amical

 « Pauvre Mexique, si loin de Dieu et si près des Etats-Unis ». Cette fameuse phrase attribuée au dictateur francophile Portirio Diaz fait encore écho au Mexique. L´économie mexicaine est totalement dépendante des Etats-Unis où elle exporte plus de 80% de ses produits. L´arrivée au pouvoir de Trump a remis en cause à la fois la modernisation de l´ALENA (accords commerciaux entre le Canada, les USA et le Mexique) et les discussions autour du TAFTA (projet d´accords commerciaux entre l´UE et les USA). L´UE et le Mexique, lésés par le retour du protectionnisme et de l´isolationnisme américain, se sont naturellement rapprochés. D´un côté, les Mexicains souhaitent diversifier leurs exportations vers l’Europe. Ces dernières ont plus que triplé depuis la signature du premier accord entre les deux espaces en 1997. De l’autre, l´UE aspire à remplacer les Etats-Unis comme première puissance libérale mondiale. C´est pourquoi, elle multiplie les négociations pour conclure des traités commerciaux dits de nouvelle génération (c’est-à-dire, dédiés aux produits et aux services mais qui consacrent également un chapitre sur les règlements des différends liés aux investissements). C’est sous cette nouvelle approche que l´UE diversifie ses pourparlers bilatéraux avec le Mercosur, le Japon, le Chili etc.

La renégociation du TLCUEM est « amicale ». Il s´agit d´une modernisation d´un accord préétabli. Des deux côtés de l´Atlantique, ce traité apparaît comme une aubaine et le rythme des réunions s´intensifie pour trouver un accord. Pour rappel, l´UE est le troisième partenaire commercial du Mexique. Inversement, le Mexique est le 15e partenaire commerciale de l’Europe.  Ce nouveau traité vise à renforcer l´accès aux biens et aux services, éclaircir les problématiques sur les appellations d´origines contrôlées et définir des règles d´investissements. Les européens souhaitent, à travers cet accord, obtenir un meilleur accès aux marchés publics, et au secteur des services mexicains, et exporter plus de produits laitiers et de vin.  En contrepartie, les Mexicains espèrent exporter plus facilement des produits agroalimentaires (fruits et produits carnés) et manufacturés en Europe. A noter que le Mexique est aussi le 7e producteur d´automobiles dans le monde.

La guerre des fromages

Les principales tensions autour de cet accord se cristallisent autour de la problématique des appellations d´origine protégées (AOP/IGP) qui concernent plus de 300 produits en Europe. En effet, le Mexique cherche de son coté à protéger par des AOP/IGP sa production nationale de fromages (on en compte 57), lesquels sont vendus sous des noms européens porteurs comme la feta ou la mozzarella. L´UE conteste certaines appellations, déjà réservées à des fromages européens et souhaite maintenir une utilisation exclusive de ces IGP (Indications Géographiques Protégées). Lors de la signature du CETA, l’Europe a réussi à obtenir gain de cause de la part du Canada. Un autre thème inquiète particulièrement les mexicains ; il s’agit de la mise en place d´un tribunal multilatéral d´investissement permanent pour résoudre les différends commerciaux. Sur le principe, le Mexique n´est pas opposé à ce type de mécanisme mais il manque d´expérience dans ce domaine et appréhende donc de se faire léser.

Les différents rounds de négociation avancent de bon train. L´ensemble de l´échiquier politique mexicain est par ailleurs favorable à cette renégociation. Les futures élections présidentielles de juillet 2018, qui pourraient voir arriver pour la première fois la gauche au pouvoir, n’auront qu’un impact minime sur les tractations engagées. Du côté européen, ce traité doit tout d´abord être signé puis adopté de manière provisoire par le conseil européen et la commission européenne. Il devra ensuite être ratifié de manière formelle et individuellement par l’ensemble des parlements des Etats de l’UE. L´ensemble de ce processus peut prendre plus de 5 ans. La route est donc encore longue pour arriver à une signature définitive de cet accord stratégique. En cas de succès, celui-ci pourrait indirectement forcer les USA à se soumettre à un certain nombre de normes européennes au titre des accords de l´ALENA.

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