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CIIE : un pion de la Chine joué au moment opportun

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L’Exposition internationale des importations de la Chine se déroule du 5 au 10 novembre à Shanghai. Un évènement d’envergure, le premier du genre, inauguré par le président Xi Jinping en personne. Son discours d’ouverture et l’existence-même de cette exposition sont lourds de sens au regard du contexte international actuel.

Xi Jinping a ouvert la 1re édition de la CIIE.
Xi Jinping a ouvert la 1re édition de la CIIE.

Lundi 5 novembre à Shanghai, s’est ouverte la China International Import Expo (CIIE). « L’organisation de cette Exposition internationale des importations de la Chine constitue pour nous une décision importante en faveur de nouvelles mesures d’ouverture vers l’extérieur. (…) Il s’agit d’une action concrète pour construire une économie mondiale ouverte». Par ces mots, Xi Jinping confirme la volonté chinoise de représenter un leadership du multilatéralisme et du libre-échange. Cela fait naturellement écho à son intervention à Davos, le 17 janvier 2017.

Sur six jours, 3600 exposants originaires de 172 pays sont présents. Les produits exposés sont tous d’origine étrangère, mais tous déjà homologués pour être commercialisés en Chine. Des services à l’high-tech, en passant par le secteur automobile et médical, tous les domaines d’activité sont représentés.

Projet mondial commun, la Chine en dénominateur commun

Si Xi Jinping prononce dans son discours des paroles louant l’ouverture et la mondialisation, il lie systématiquement la Chine à ces concepts. Ainsi, le pays apparaît comme instigateur de cette « nouvelle ère », terme également prononcé durant l’allocution. Le dirigeant chinois insiste sur « l’initiative », sur le caractère « novateur » de cette « première exposition nationale du genre organisée dans le monde ».

Dans un contexte de tensions commerciales entre Pékin et Washington, cet événement préparé depuis plus d’un an est l’occasion de renforcer les liens économiques avec les partenaires déjà existants, et d’en nouer de nouveaux. Il s’agit d’en créer avec la Chine, mais aussi de permettre à d’autres pays de bénéficier de cette plateforme. La CIIE reflète une image de Pékin de plus en plus séduisante sur le plan commercial, mais lui offre également un statut d’intermédiaire au réseau influent. Les ingrédients d’un leadership appuyé, en somme.

Une ascension chinoise inédite, mais qui nécessite un apaisement des tensions

La politique protectionniste de Donald Trump fait face à une phase d’expansion chinoise inédite dans l’histoire. Une expansion intrinsèquement liée à la nature même du peuple chinois, doté d’un esprit général d »entrepreneuriat dynamique. Malgré cette ascension aussi fulgurante qu’inéluctable, la position officielle de Pékin est que le pays ne désire pas remplacer les États-Unis. Plutôt que de chercher à représenter un nouvel hégémon, la Chine prône une multipolarité heureuse. Un vœu pieu, qui n’est bien évidemment pas concevable en pratique, mais qui met en exergue une perspective de gouvernance différente du modèle démocratique et libéral occidental. En effet, tout en plaçant la Chine au cœur de cette nouvelle ère, Xi Jinping évoque un projet mondial commun. Le thème de la CIIE est en outre « Nouvelle ère, futur partagé ».

En dehors de l’aspect commercial, Pékin peut tirer avantage de cette influence renforcée sur le plan politique. Les alliances forgées peuvent transparaître à travers des soutiens lors de votes à l’Assemblée générale de l’ONU par exemple. Des sujets clés tels que la question taïwanaise peuvent être influcencés par ces soutiens. De plus, cela participe à créer un rapport de force favorable à la Chine dans une situation de tensions avec Washington. Pékin n’a aucun intérêt dans la poursuite d’un tel conflit, le géant chinois se trouvant à un carrefour de son avenir entre défis structurels et projets gigantesques.

Source :

Site officiel de la CIIE

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Jessy PÉRIÉ

Diplômée d'un Master 2 en Géopolitique et prospective à l'IRIS, Jessy Périé est analyste géopolitique et journaliste, spécialisée sur la zone Asie orientale. Elle s'intéresse particulièrement aux questions de politique extérieure chinoise et japonaise.

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