Guerre en Ukraine : un modèle pour assoir des intérêts nationaux ? (Partie 1)
Parmi les nombreux points abordés lors de son discours au Parlement européen, le Président français Emmanuel Macron avait mentionné « un retour de la guerre » sur le continent européen, en janvier dernier. Le Président avait rappelé que trente ans auparavant « des principes et des règles » rejetant « le recours à la force, à la menace et à la coercition » avaient été établis avec le géant russe. Il avait affirmé qu’un « nouvel ordre de stabilité et de sécurité européen » fort serait nécessaire pour obliger la Russie à tenir ses engagements. Il n’avait malheureusement pas tort de se méfier : dans la nuit du 23 au 24 février, Poutine a envahi l’Ukraine.
La Russie déclenche ainsi une guerre aux portes de l’Europe, secouant le monde entier. En cette situation, il serait alors légitime de se demander si la guerre en Ukraine sera un inhibiteur de futurs conflits armés, ou encouragera d’autres pays à provoquer des conflits dans le but de faire valoir leurs prétentions nationales. Dans cette première partie, nous allons voir que ce conflit risque de dissuader plusieurs pays à agir selon leurs volontés impérialistes. Le preuve en est : la guerre en Ukraine coûte très chère à la Russie.
En réponse à l’invasion de la Russie, l’Occident a infligé des sanctions financières à la Russie. Ces restrictions financières, comme notamment le non-accès à une importante partie de l’épargne ainsi que le gel de leurs avoirs, met à mal l’économie russe.
Un déclin commercial et financier handicapant
Suite à l’effondrement des cours des actions russes, Moscou a préféré arrêter les cotisations en bourse, afin d’éviter un mouvement de panique générale. Depuis le 28 février, la Bourse de Moscou est fermée afin d’éviter le krach boursier.
Ces dernières années, la Russie faisait face à une baisse notoire des investissements à l’étrangers sur son sol. Les investisseurs sont plutôt frileux à cause de l’omniprésence de la corruption et du pouvoir tout puissant des oligarques. Cependant, aujourd’hui, en temps de guerre, les investisseurs n’ont plus du tout foi en l’économie russe. Cette baisse d’investissements directs à l’étranger empirerait la santé économique de la Russie sur le long terme, même après le conflit.
En outre, sept banques russes, dont la banque de développement nationale (VEP) ont aussi été expulsées du système financier international SWIFT. Ce système financier international relie des institutions financières dans plus de 200 pays. Elle s’occupe d’envoyer des messages facilitant les transactions commerciales nationales et internationales. Cette expulsion signifie que ces banques russes ne pourront plus expédier des messages de paiement à n’importe quels établissements ou institutions connectés à SWIFT, partout dans le monde.
Des répercussions économiques trop lourdes
Le rouble s’est effondré face à l’euro et au dollar. Fin février, 1 euro valait près de 110 roubles. Avant que le conflit n’éclate, 1 euro en valait 90. La dépréciation de la monnaie a entraîné une hausse vertigineuse des coûts des importations sur le territoire russe. Cette hausse du coût aggrave l’inflation, ce qui amène à une explosion du coût de la vie au sein du pays.
Un rapport du service fédéral des statistiques de l’État, publié le 23 mars, atteste que le coût de la vie a bondi de 14,5 %. Les prix ont augmenté pour l’alimentation mais aussi pour acquérir des biens, ou encore pour voyager. Le prix du sucre est monté à 13,8 % et le prix des voitures a augmenté de 7,4 %.
Un isolement diplomatique défavorable
L’isolement de la Russie est bien établi sur le continent européen. En effet, tous les membres de l’Union européenne condamnent cette invasion ainsi que les revendications territoriales du Président Vladimir Poutine en Ukraine. Le président Emmanuel Macron avait twitté le jour même : “La France condamne fermement la décision de la Russie de faire la guerre à l’Ukraine.”
Les Etats-Unis, présents sur le continent européen par le biais de l’OTAN, sont également contre l’expansionnisme russe. Le président Joe Biden a déclaré, jeudi 24 mars, être favorable à l’exclusion de la Russie du G20.
Cet isolement se remarque aussi et de manière historique au sein de l’ONU. En effet, seulement cinq pays s’opposent à la fin de la guerre en Ukraine : la Russie, la Biélorussie, la Syrie, l’Erythrée et la Corée du Nord. Même la Chine, ayant parfois des revendications territoriales assez similaires à la Russie, et la Turquie, allié proche de la Russie depuis ces dernières années, ne sont officiellement pas en faveur cette guerre. Le 2 mars 2022, le résultat du vote de l’Assemblée générale des Nations unies demande le retrait immédiat des forces russes.