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Election de Javier Milei: conséquence de la crise en Argentine

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Avec près de 56 % des votes, Javier Milei gagne les élections en Argentine. Son adversaire Sergio Massa, l’actuel ministre de l’Economie, n’aura obtenu que 44 % des votes. Souvent comparé à Donald Trump et Jair Bolsonaro, le candidat de La Libertad Avanza prendra ses fonctions le 10 décembre.

Affiche contre Javier Milei dans les rues de Buenos Aires, Argentine.
Affiche contre Javier Milei, dans les rues de Buenos Aires en Argentine.

Ce 19 novembre marque la fin des élections en Argentine, mais surtout un tournant dans l’histoire du pays. Alors que le premier tour du 22 octobre avait donné l’avantage à Sergio Massa avec 36 % de votes, les résultats du second tour sont tout autres. Si pour certains la victoire du candidat ultra-libéral était prévisible, tous sont surpris de l’écart entre les deux adversaires. Lors du premier tour, Javier Milei était arrivé en deuxième position avec 30 % de votes. Ce 19 novembre, près de 14,5 millions d’Argentins ont voté pour lui, contre 11,5 millions pour Sergio Massa. Le choc pour les membres d’Unión por la Patria est d’autant plus brutal que Javier Milei remporte 21 provinces sur 24.

Au lendemain du premier tour, Javier Milei annonçait une alliance avec la candidate de Juntos por el Cambio arrivée en troisième position : Patricia Bullrich. L’objectif étant de faire front contre Sergio Massa. L’ancien Président Mauricio Macri membre de Juntos por el Cambio a également œuvré pour ce rapprochement. Bien que ces dernières semaines de nombreux membres de ce parti aient contesté cette alliance, son électorat a finalement voté pour Javier Milei. De même, avec un taux de participation de 76 %, le candidat de La Libertad Avanza a réussi à capter une partie des indécis.

Comment expliquer la victoire de Javier Milei ?

Javier Milei a commencé à se faire connaitre sur les réseaux sociaux lors de la pandémie de Covid-19. Un usage des réseaux sociaux massif qui lui a permis de consolider sa position auprès des jeunes. En 2021, il est élu député pour la province de Buenos Aires. Si ses propositions radicales ont directement convaincu une branche de la population déjà à droite, c’est véritablement une déception générale envers les partis dits traditionnels en Argentine qui a nourri cette victoire.

Pour une grande majorité des Argentins l’objectif n’était pas réellement de voter pour Javier Milei, mais contre le péronisme et le kirchnerisme incarné par Sergio Massa et son parti. Un homme d’une trentaine d’années, que nous avons pu interroger, et qui a préféré ne pas voter, a déclaré:  « Javier Milei est fou, mais depuis 20 ans rien ne change dans ce pays, s’il arrive à changer les choses ce n’est pas si grave qu’il soit fou ». Avec une dette publique égale à 84 % du PIB, un taux d’inflation de 143 % et 40 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, l’Argentine connait sa pire crise depuis 2001. Le résultat de ces élections témoigne donc des échecs successifs des gouvernements de centre droit et de centre gauche.

Comment le candidat de La Libertad Avanza va-t-il mettre en place son programme ?

Avec son slogan « Découper à la tronçonneuse les dépenses publiques de l’Argentine », Javier Milei propose une trajectoire radicale et ultra-libérale. Il envisage de fermer la Banque Centrale, supprimer le peso argentin au profit du dollar, supprimer le droit à l’avortement, légaliser le port d’armes et la vente d’organes. Toutefois, sans majorité au Congrès et au Sénat, comment Javier Milei va-t-il mettre en place son programme ? Effectivement le parti La Libertad Avanza ne dispose au Congrès que de 38 députés sur 257. Au Congrès, tout comme au Sénat, ce sont les péronistes qui sont les plus nombreux. L’alliance avec Mauricio Macri et Patricia Bullrich lui permettra de capter une partie des votes des députés de Juntos por el Cambio, mais cela ne sera pas suffisant pour obtenir une majorité nette. Si Javier Milei veut éviter un blocage institutionnel il devra donc surement revoir à la baisse certaines de ces propositions.

Enfin, même si les Argentins connaissent désormais leur nouveau Président, l’incertitude quant à l’avenir du pays reste totale. Une incertitude qui pèse sur une société fracturée et épuisée par une crise qui dure.

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Camille Sansberro

Camille Sansberro est diplômée d'un Master 2 en Géopolitique et Prospective à l'IRIS Sup. Résidant en Argentine, elle est spécialiste de l'Amérique Latine.

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