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Qui sera le prochain président de la FED ?

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La présidence de la banque centrale de la première économie du monde est un poste capital car l’orientation de sa politique peut avoir des répercussions colossales sur les économies de tous les autres pays du monde. La personnalité et l’expérience de celui ou celle qui l’occupe est donc cruciale. Pour remplacer Ben Bernanke en janvier ils sont deux à être en lice. Qui sont-ils et mèneraient-ils des politiques différentes ?

Janet Yellen et Larry Summers sont les deux candidats dans la short-list dont dispose Barack Obama. La première est l’actuelle vice-présidente de la Réserve Fédérale et constituerait donc une candidate du système : classique avec de très solides connaissances de l’organisation et de son but. Le deuxième fut le principal conseiller économique de Barack Obama de 2008 à 2010 et constituerait donc le choix du prince.

Janet Yellen (67 ans) a eu comme professeur et maître de thèse à Yale le futur Nobel d’économie James Tobin. Un tel tutorat illustre bien la suite de sa carrière : elle se lance dans l’étude des marchés de l’emploi avec son mari le futur Nobel George Akerlof. Elle travaille sur la « théorie des salaires efficients ». En posant une grille macroéconomique keynésienne sur des fondations microéconomiques, le couple a aidé à établir les bases du paradigme « Néo Keynésien » sur lequel la plupart des banques centrales se basent pour analyser l’économie mondiale. Plus globalement Janet Yellen a travaillé comme économiste pour la réserve fédérale à la fin des années 1970 et en a été gouverneur de 1994 à 1997. Elle fut nommée vice-présidente de la FED par Barack Obama en 2010. Cette académicienne a peu l’expérience des marchés financiers et des crises bien qu’elle se soit récemment lancé dans l’étude de l’encadrement de la finance.

Larry Summers (59 ans) a passé sa vie dans l’économie académique. Ses deux parents ont été économistes, et deux de ses oncles sont devenus prix Nobel (Samuelson et Arrow). Ses premiers travaux ont porté sur les finances publiques, les marchés de capitaux, les cycles économiques et les marchés de l’emploi. Son plaidoyer en faveur d’une inflation modérée plus bénéfique qu’une inflation zéro a rejoint l’idée de Mme Yellen et explique pourquoi la FED vise actuellement une inflation de 2%. Il a aussi prouvé l’utilité économique d’un encadrement de l’économie américaine par la FED.

Les deux économistes ont eu leur période difficile : Mme Yellen a plaidé pour des taux d’intérêts plus élevés en 1994 puis finalement pour des taux plus faibles en 1997. M.Summers a été un fervent supporter de l’austérité « stimulante » pour les gouvernements dans les années 1990 et pour le dérèglement de la finance durant cette période avant de soutenir l’exact contraire aujourd’hui.

Pour le moment c’est M.Summers qui semble favori pour le président mais pas pour le congrès (qui doit approuver cette nomination pour qu’elle soit effective).

M.Summers est connu pour chercher la confrontation et le débat et prendre un malin plaisir à écraser son adversaire, ce qui lui a valu plusieurs conflits importants et son départ de la présidence d’Harvard en 2006. Une personnalité aux antipodes de celle de Mme Yellen. La FED héritera donc d’un boxeur ou d’une gestionnaire. Reste à savoir lequel est utile en période de reprise fragile.

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