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Les difficultés internes de l’Inde

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L'Inde veut devenir une puissance mondiale. Pour y parvenir, elle doit avant tout résoudre ses problèmes internes.
L’Inde veut devenir une puissance mondiale. Pour y parvenir, elle doit avant tout résoudre ses problèmes internes.

Dans un contexte de ralentissement de la croissance économique – après une décennie à plus de 9 %, elle a atteint 4,6 % en 2013 – et de remontée du nationalisme hindou dont témoigne l’élection du BJP, l’Inde mène une double politique pour devenir une puissance mondiale : d’une part, elle conclut un revirement de diplomatie ; d’autre part, elle cherche à consolider sa croissance. Dans cette perspective, quels sont les atouts et faiblesses de ce modèle indien ?

L’Inde possède des atouts démographiques et politiques qui renforcent son attractivité économique. Avec un taux de fécondité de 2,7, l’Inde a une population en pleine expansion de 1,1 milliard d’habitants : elle devrait être le pays le plus peuplé au monde en 2035. La diaspora est puissante : l’Inde envoie le plus gros contingent d’étudiants chaque année aux Etats-Unis. « Plus grande démocratie du monde », l’Inde a un régime politique stable où le BJP et le parti du Congrès alternent au pouvoir.

Depuis les réformes libérales de Rajiv Gandhi qui ont inséré le pays dans l’économie mondialisée, l’Inde a connu une accélération de sa croissance économique (9% par an jusqu’à 2007). Sa croissance est essentiellement fondée non seulement sur des industries (Mittal et Tata) mais aussi sur des secteurs de pointe comme les services bancaires, informatiques ou pharmaceutiques.

L’Inde s’est également intégrée à l’économie mondialisée par sa puissance culturelle multidimensionnelle (hindouisme, yoga, Bollywood).

Toutefois, la puissance de l’Inde, menacée par son environnement immédiat, l’est aussi par la fragilité intrinsèque de son modèle.

La stabilité politique de l’Inde est menacée par deux phénomènes :

  • l’unité étatique est sujette à caution par le système des castes (3 000) depuis que les basses castes contestent le pouvoir des élites brahmaniques et les disparités géographiques : la moitié des entreprises indiennes se trouvent sur l’axe Bombay/Ahmedabad.
  • Enfin, des minorités religieuses revendiquent leur autonomie. D’une part, les Sikhs du Pendjab dénoncent l’immigration des hindous attirés par la prospérité de la région. Après l’assassinat d’Indira Gandhi en 1984 par son garde du corps sikh, un conflit éclate faisant 20 000 morts. D’autre part, l’immigration de Bangladais musulmans fait naître un indépendantisme hindou de l’Assam.

Le modèle économique indien doit répondre au défi du développement pour réduire la pauvreté et les inégalités. 79% de la population indienne vit sous le seuil de pauvreté international. Un tiers de la population est illettré.

L’Inde doit enfin renforcer son modèle économique. Important 75% de ses besoins pétroliers, le pays doit tout d’abord assurer son indépendance énergétique. Elle a lancé un vaste plan de nucléarisation civil et participe au projet de gazoduc reliant l’Iran à la Chine. En outre, l’Inde manque d’infrastructures (télécommunications, transports, …). Le problème est important en matière de stockage agricole notamment pour répondre à la cyclicité de la mousson et à la dégradation des sols. Alors que 65% de la population travaille dans le secteur agricole, « les greniers sont pleins et les ventres sont vides » (Sylvie Brunel). Un plan de plus de 30 milliards de dollars d’investissements en infrastructures a été lancé en 2013.

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