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Nouveau gouvernement allemand : nouvel équilibre des pouvoirs

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Cela fait trois mois que la CDU-CSU d’Angela Merkel a remporté les élections, et pourtant aucun gouvernement n’a été formé depuis à cause des discussions difficiles entre la CDU-CSU et le SPD. Les adhérents SPD ont enfin adopté ce samedi le principe de grande coalition entre leur parti et le parti d’Angela Merkel alors qu’ils s’en méfiaient jusque-là. Qu’ont-ils obtenus pour accepter ?

Tout d’abord, il faut préciser pourquoi Angela Merkel est obligée de faire équipe avec les sociaux-démocrates. La raison est simple : l’effondrement du FDP, l’allié libéral de la CDU-CSU, qui a été sorti du parlement pour avoir fait un score trop faible aux élections. Il a donc fallu trouver un autre partenaire pour construire une majorité gouvernementale et le SPD avait fait 25.7% des voix.

Des tractations furent lancées pour déterminer quel serait le prix du soutien du SPD à la coalition en place. L’idée d’un salaire minimum universel est vite arrivée sur le tapis et le SPD l’a inscrit comme condition sine qua none de son soutien à la CDU-CSU. Cela n’était pas évident car il faut savoir qu’en Allemagne les salaires minimum sont négociés branche par branche entre les syndicats et le patronat.  De plus, le système allemand des « minijobs », ces emplois payés 400 euros par mois, absorbant les chômeurs, pourrait être menacé si un salaire minimum horaire voyait le jour. Ces types de contrat sont un atout pour l’Allemagne qui lui permet de ne pas avoir à prendre en charge des allocations chômages mais plutôt à verser des compensations s’additionnant à ces 400 euros. Avec 7.29 millions d’allemands en 2012 en minijob, l’impact d’un salaire minimum n’est pas à négliger.

Le compromis a donc été voté par les adhérents du SPD à plus de 75% (avec une participation de 77%) ce samedi. C’est une bonne nouvelle pour cette nouvelle coalition car elle permet au SPD de se montrer soudé et fidèle à ses engagements, et elle permet à Angela Merkel de composer enfin son nouveau gouvernement.

Un gouvernement qui devrait se composer de quatorze postes dont six pour le SPD qui a bien l’intention de peser. Les ministères qui lui seront attribués seront celui de l’économie et de la transition énergétique (un dossier brulant en Allemagne) ; les affaires étrangères (d’une importance à relativiser pour l’Allemagne) ; la justice ; la famille et les femmes ; le travail et les affaires sociales ; et l’environnement. Un bouquet équilibré à la hauteur du score significatif mais modeste du SPD aux élections. La CDU-CSU garde la main sur le ministère le plus stratégique : les finances.

On assiste donc à un partage du pouvoir sans réelle passation de celui-ci. Après tout, la CDU-CSU a fait 41.5% aux élections alors que le SPD n’a fait que 25.7%. C’est aussi une nouvelle étape pour l’Europe qui attend depuis 2012 que la France et l’Allemagne sortent de leurs élections pour s’entendre sur le projet européen et dessinent une sortie de crise. Avec des sociaux-démocrates des deux côtés du Rhin, espérons que la tâche n’en soit que plus facile.

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