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Peut-on croire au modèle suédois ? (1/2)

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Le modèle suédois est vanté pour ses mérites en ces temps de profonde crise européenne. En effet, la résistance du pays depuis 2008, ainsi que plus généralement ses avancées sociales sont souvent valorisées. Néanmoins, qu’en est-il réellement sur place ?

Pour certains, la Suède représente le dernier pays communiste sur Terre, tant l’importance de l’Etat et de la redistribution des richesses y est marquée. Il est vrai que quasiment 60% des recettes de l’Etat proviennent des impôts versés par ses citoyens. Cependant, l’usage qui en est fait est certainement un modèle pour tous les adeptes de la social-démocratie : scolarité gratuite, congé parental parmi les plus longs au monde, etc. Et dire qu’au début des années 1990, le pays connaissait une profonde crise financière et immobilière, qui a mis à mal les réformes plus ambitieuses menées lors des années 1960 et 70, notamment par le Premier Ministre Olof Palme. Depuis lors, le pays génère des surplus budgétaires et commerciaux, et ses investissements dans la Recherche & Développement sont parmi les plus élevés du monde.

La Suède, subtil mélange de social-démocratie et de libéralisme 

Pourtant, tous les progressistes de gauche se trompent : la Suède n’est guère plus le pays social-démocrate par excellence. Certes, lorsque vous discutez avec des Suédois, la majorité vous dira que la plupart de leurs problèmes rencontrés sont de la faute du gouvernement et de l’Etat. Cette absence de remise en cause personnelle peut faire penser que l’Etat a pris trop de place dans l’esprit du citoyen moyen. Néanmoins, depuis la crise des années 1990, la Suède a massivement dérégulé la plupart de ses marchés, a soutenu le développement d’écoles privées pour rivaliser avec les écoles publiques et a massivement réduit l’impôt sur les sociétés. Elle a donc entrepris ce qu’on demande désormais à la plupart des pays européens aujourd’hui en difficulté.

La Suède réussit donc économiquement grâce aux efforts entrepris il y a une vingtaine d’années. Il ne fait pas peu dire que cette crise a « sauvé » la Suède du cataclysme, beaucoup plus grave, frappant la zone euro depuis plus de cinq ans. Cet euro, justement, dont la Suède ne veut pas, politique peut-être individualiste en Europe, mais qui porte ses fruits en ce moment-même. La Suède a réussi le pari de mélanger efficacité conservatiste et réactivité moderniste, libéralisme et social-démocratie, mélange qui n’aurait certainement pas pris dans tout autre pays non-scandinave. Cela n’a pu être possible en effet que par l’acceptation par une majorité des efforts à faire, dans un contexte de consensus politique patent. Comme nous le verrons dans la seconde partie, de nombreux défis demeurent pour cette société modèle vue de l’extérieur, mais critiquée à l’intérieur.

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