COP 21 : faut-il y croire?
En novembre prochain, se tiendra la 21ème Conférence des Parties (COP) de la Convention-Cadre des Nations-Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) visant à contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 degrés d’ici à 2100. Bien qu’une COP ait lieu chaque année, celle qui se tiendra à Paris semble bénéficier d’une audience particulière, à l’instar de celle dont avait pu bénéficier la tristement célèbre Conférence de Copenhague de 2009. Quels espoirs porter sur cette 21ème édition que certains n’hésitent pas à (re)baptiser «sommet de la dernière chance»?
Les signaux encourageants enregistrés jusqu’à présent le sont d’autant plus qu’ils proviennent des deux plus gros pollueurs de la planète : la Chine et les Etats-Unis. Ainsi, en novembre 2014, la Chine s’est engagée à faire fléchir la courbe de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) au plus tard en 2030 alors que les Etats-Unis optaient pour une réduction de 26 à 28% de leurs émissions de GES en 2025 par rapport à 2005. Au-delà des chiffres, le message envoyé n’est pas anodin. En effet, jusqu’à présent, la Chine s’était montrée plutôt frileuse à s’engager dans la lutte contre le réchauffement climatique, lutte qui incombait surtout aux pays développés selon elle. D’autre part, la question environnementale est en passe de devenir une question de stabilité politique pour la Chine. Le droit à une eau et un air sains constitue ainsi une des premières revendications des classes urbaines chinoises. Pour Obama, la volonté de laisser un héritage dans le domaine est réelle. La signature d’un accord contraignant est cependant sérieusement compromise par un Congrès américain largement républicain et pas toujours moteur lorsqu’il s’agit d’environnement.
La principale différence entre la COP21 et celle de Copenhague réside ainsi dans le rôle que peuvent jouer la Chine et les Etats-Unis, qui totalisent à eux deux près de la moitié des émissions de CO2. Du rôle de «boulet», ils pourraient passer à celui de moteur dans les négociations à Paris. Malgré tout, les obstacles à un accord contraignant demeurent nombreux.
Le processus décisionnel même d’une COP pousse à la prudence. Outre l’absence de contrainte juridique des éventuels accords, toute décision est prise à l’unanimité ou par consensus. Les risques de blocage sont donc nombreux et la confiance mutuelle joue un rôle central dans les négociations. Or, celle-ci n’est pas forcément au rendez-vous, notamment dans le camp des pays en développement. Au terme de la conférence de Copenhague, les pays les plus riches avaient fait la promesse d’une aide à hauteur de 100 milliards en direction des pays les plus pauvres d’ici à 2020. Les estimations les plus optimistes jugent qu’entre 35 et 50 milliards ont été mobilisés jusqu’à présent. Il semble hautement improbable que les pays concernés par ces aides acceptent des concessions pour la période post-2020 (c’est sur cette période que porte la COP21) alors même que les accords antérieurs n’ont pas été respectés.
Alors que les études sur le coût de l’inaction se multiplient, beaucoup d’États voient encore dans la transition écologique un horizon lointain. Si l’épuisement des réserves d’hydrocarbures conventionnels constituait un argument de taille pour la défense de cette transition, les immenses réserves associées aux hydrocarbures non conventionnels donne un coup de frein à cette ambition.