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La loi de l’offre et de la demande à l’épreuve des faits

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Fruits et Légumes

Plus la demande pour un bien augmente plus le prix du bien en question augmente. A l’inverse plus l’offre augmente plus le prix diminue. Telle est la loi qui régit les étals des marchés, la rareté fait le prix. Cette assertion économique est devenue tellement banale qu’elle ne fait l’objet d’aucune discussion, pourtant il existe bien des exceptions. En effet, de nouvelles approches en microéconomie du développement fondées sur des expériences concrètes plutôt que sur des théories, viennent nous rappeler que pour certains types de biens la loi de l’offre et de la demande n’est pas opérante.

Esther Duflo et Abhijit V. Banerjee dans leur livre Repenser la pauvreté relatent une expérience étonnante menée par Rob Jensen en Chine. Cette expérience « a montré que, quand le prix du riz baisse, les gens s’achètent en plus des crevettes ou du porc et, paradoxalement, moins de riz, et donc moins de calories ». L’expérience empirique vient donc contredire la théorie. Plutôt que de consommer plus de biens de première nécessité, les bénéficiaires de la baisse du prix ont préféré utiliser les revenus économisés pour acheter des produits plus gustatifs mais moins nutritifs. Le prestige social associé à la consommation de produits plus raffinés et donc plus chers n’est pas étranger à ce résultat.

Les produits qui forment l’alimentation de base (pâtes, pomme de terre, riz etc.) sont appelés des « biens inférieurs », leur demande diminue lorsque les revenus des consommateurs augmentent. Lorsqu’un « bien inférieur » représente un pourcentage important du revenu du consommateur et n’est pas substituable, en d’autres termes lorsque la consommation d’un autre produit ne peut remplacer celle du bien en question, alors le « bien inférieur » est dit « de Giffen ». Les « biens de Giffen » ont la particularité de voir leur consommation augmenter lorsque leur prix augmente. La théorie de l’offre et de la demande est ici battue en brèche. En effet, compte tenu de la part du budget que représente la consommation du bien toute augmentation du prix du bien comprime fortement les revenus du consommateur qui se voit contraint de restreindre sa consommation au juste nécessaire donc au bien « bien de Giffen ». Néanmoins ce phénomène n’a lieu que rarement, et notamment lorsque le budget du consommateur est très faible.

S’appuyant sur ces observations Esther Duflo et  Abhijit V. Banerjee remettent en cause l’efficacité des politiques qui visent à améliorer l’alimentation par des subventions sur les produits alimentaires de base dans les pays en développement. Il ne faudrait pas non plus conclure qu’une augmentation des prix des produits de base aurait un effet bénéfique…

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