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Inde : un modèle d’étude centre-périphérie

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L’Inde se prête tout à fait à une étude géographique sur le modèle centre/périphérie. Il y a en effet un fort clivage entre les régions dominant le pays, tant économiquement que politiquement, et des régions plus en difficulté, voire arriérées.

Comme dans la majorité des pays du monde, le centre économique se trouve dans ses plus grandes villes. Or, l’Inde nous offre un exemple unique : celui d’avoir quatre villes de rang mondial, très homogènes entre elles. Certes Delhi est la capitale. Mais le poids économiques de Mumbai et Chennai (les anciennes Bombay et Madras) de même que celui de Calcutta sont dus à leur situation littorale. Le quadrilatère d’or les reliant entre elles symbolise cette domination. Et comme toute domination requiert une expansion territoriale, celle-ci a eu lieu pour les quatre villes. L’interdépendance entre ces centres est permise par le quadrilatère d’or, réseau routier majeur du pays, dont la réalisation a été décidée en 1998, mais dont la totalité de la construction n’a pas encore été achevée.

L’unicité économique indienne provient également du fait que les périphéries économiques sont au centre géographique. A l’intérieur du quadrilatère d’or se trouvent des régions en forte difficulté économiques. On peut même parler de régions arriérées, comme dans le Bimaru (rassemblant le Bihar, le Madhya Pradesh, le Rajasthan et l’Uttar Pradesh), « bimar » voulant dire malade en hindi. Cela peut apparaitre surprenant pour les deux premiers, situés entre Delhi et Calcutta et étant traversés par le Gange, fleuve sacré des Indiens.  N’oublions pas non plus les marges, souvent touchées par de conflits historiques avec les voisins de l’Inde : le Cachemire, objet de luttes fratricides avec le Pakistan depuis la séparation en 1947 (on peut citer la guerre du Kargil, en 1999, entre ces deux puissances alors nucléaires) ; l’Arunachal Pradesh, toujours revendiqué par la Chine. Les Chinois refusent en effet le tracé de la ligne MacMahon, décidé en 1914. L’Inde en a fait sa frontière avec la Chine, ce que cette dernière conteste, affirmant que ce tracé a été décidé par un occidental et ne reflète pas la réalité. Par manque de place, nous n’avons pas mentionné les récents attentats islamistes ayant touché l’Inde (comme à Mumbai ou à Delhi). Le vrai-faux soutien apporté par le Pakistan aux islamistes avait été critiqué à l’époque.

Mais la puissance actuelle de l’Inde ne serait rien sans la volonté étatique de mêler centres et périphéries, de les relier.  Le choix indien de se spécialiser dans les hautes technologies a nécessité la création de technopoles sur le modèle américain. Certains sont situés près des centres (Pune), d’autres dans des régions en difficulté (Ahmedabad). Mais tous ces technopoles concourent, à des degrés divers, à forger la réputation indienne en matière de haute technologie. Le choix indien de privilégier le facteur K (K pour « knowledge », connaissance en anglais) s’avère payant aujourd’hui. L’établissement de ces technopoles a été permis par la libéralisation du début des années 1990 et des villes comme Pune, Hyderabad (surnommée « Cyderabad ») ou Bangalore sont le lieu d’expression de milliers d’informaticiens indiens, largement formés dans les technopôles voisins. Et tous participent à l’extraversion indienne, en grande partie maritime (90% des échanges se font par la mer), voire fluviale. Reste que, politiquement, l’Inde semble « bien entourée », par des puissances nucléaires, et notamment par son seul véritable rival dans la région, la Chine.

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