La transition énergétique européenne et ses fractures
En matière d’économie d’énergie et de transition énergétique, les pays d’Europe ne se conforment pas aux mêmes directives. Il existe aujourd’hui beaucoup de bonnes pratiques que seuls certains Etats se sont appropriés. Enjeu majeur des années à venir, la transition énergétique n’est pas homogène en Europe. Certaines puissances ne font pas d’efforts suffisants. D’autres Etats eux, creusent un retard parfois décidé politiquement. Enfin, figures de modèles, quelques uns réussissent à tirer leur épingle du jeu.
Le sortie du charbon en ordre dispersé
La Pologne produit les trois quarts de son électricité à partir de centrales à charbon. La moitié en ce qui concerne la République Tchèque et la Bulgarie. La sortie du charbon était un des objectifs de la COP 24, mais la majorité des grands opérateurs n’entendent pas stopper leurs activités dans l’immédiat. L’Allemagne ou le Danemark, bons élèves dans certains domaines, produisent une part non négligeable de leur électricité à partir de charbon. La décarbonation se fait pas à pas, bien qu’elle puisse paraitre insuffisante. L’Union européenne a déjà adopté certaines mesures comme l’arrêt des subventions aux centrales à charbon d’ici à 2025. Les performances environnementales, et aujourd’hui économiques, du charbon plaident en sa défaveur. Cependant, la procrastination charbonnière est aussi la conséquence d’un fort lobbying et d’une forte pression de la part des entreprises productrices de charbon.
Les modèles de transition énergétique
Dans l’Europe, plusieurs Etats sont souvent cités comme exemples ou modèles de la transition énergétique. Si la hausse de la part des énergies vertes dans le mix énergetique de certains pays est notable, les énergies fossiles demeurent encore importantes. La stratégie des Etats scandinaves est à ce jour l’une des plus intéressantes. Prenons pour exemple la Finlande, où la biomasse et les déchets comptent pour plus de la moitié de la production nationale d’énergie. Egalement, le mix énergétique finlandais est l’un des moins dépendants des combustibles fossiles au monde. Une prouesse que réalisent aussi les autres pays scandinaves. Comme la Suède, Etat co-créateur avec la Finlande en 1991 de la taxe carbone. Grande particularité de Stockholm : l’association du gouvernement avec certaines grandes industries du pays vise à sortir des énergies fossiles afin d’atteindre la neutralité carbone.
Si le Nord de l’Europe domine dans la reconversion énergétique, le Portugal se place aussi comme figure de proue. 53 % de sa consommation électrique est produite grâce aux énergies renouvelables. En mars 2018, le pays avait même produit plus que sa consommation en électricité (103,6%) à l’aide d’énergies vertes.
Fracture politique et énergétique ?
La fragmentation du paysage politique européen est l’une des conséquences directe de la fracture actuelle en terme d’efforts environnementaux. L’Union européenne se revendique être l’un des poumons de la transition énergétique sur la scène mondiale mais les résultats des élections à venir seront déterminants sur les choix futurs concernant les priorités en matière de transition énergétique.
Sources :
La Scandinavie, un modèle de transition énergétique ? Teva Meyer, Géoconfluences, 20/03/2019
La transition énergétique, la grande question des élections européennes, EnerGeek – 01/0142019
L’Europe de la transition énergétique, nouveau moteur de la construction européenne. – Eva Sas – Alternatives Economiques – 26/06/2018