Vers un réchauffement des relations entre la Havane et Washington ?
Le 17 décembre dernier, Barack Obama et Raul Castro ont annoncé leur volonté de rapprocher leurs deux pays. Rompues en 1961, les relations diplomatiques entre les deux Etats n’avaient jamais été rétablies depuis. Néanmoins, les négociations semblent aujourd’hui avoir subi un coup d’arrêt.
En 1961, la mise en place de l’embargo sur Cuba devait en principe accélérer la chute du régime communiste mis en place suite à la révolution cubaine de 1959. Toutefois, grâce au soutien de l’URSS jusqu’à sa chute en 1990 puis de certains pays d’Amérique latine par la suite (comme le Venezuela), cet embargo n’a pas eu l’effet escompté. Sur le papier, le blocus comporte une faille abyssale : les Etats-Unis sont le seul pays l’imposer. En pratique, ceux-ci ne se privent pas de sanctionner quiconque violerait l’embargo. BNP Paribas en a d’ailleurs fait les frais, il y a quelques mois.
Toute tentative de révision du blocus s’est longtemps heurtée au puissant lobby des exilés cubains aux Etats-Unis, malgré l’inefficacité flagrante des sanctions infligées. Le sujet restait sensible aux Etats-Unis. Ainsi, Barack Obama, qui se prononçait contre le maintien de l’embargo de Cuba lors de la campagne de 2004, change son fusil d’épaule en 2008, prônant des sanctions plus sévères à l’encontre de son voisin communiste. L’opinion publique américaine s’est pourtant récemment prononcée en faveur de la levée de l’embargo cubain et le réchauffement des relations américano-cubaine était en bonne voie. Le « Todos somos americanos » (nous sommes tous américains) de Barack Obama de décembre dernier semblait plein de promesses.
Raul Castro pose ses conditions.
Le 28 janvier dernier, los du sommet de la Communauté des Etats latino-américains et des Caraïbes (CELAC), Raul Castro annonce que la normalisation du dialogue diplomatique ne sera pas possible tant que le blocus ne sera pas levé. Le président cubain ajoute également trois conditions : la fin de l’occupation illégale de Guantanamo Bay, la cessation des violations du droit international ainsi qu’une juste compensation pour les dégâts humains et économiques dont le peuple cubain a souffert. Des conditions sur lesquels il ne semble pas prêt à revenir…
La déclaration a de quoi freiner durablement le réchauffement des relations entre Cuba et les Etats-Unis, initié par la réouverture de leurs ambassades respectives le mois dernier. Si Barack Obama s’est dit favorable à la levée de l’embargo avant 2017 (c’est-à-dire avant la fin de son mandat), il reste que seul le Congrès a ce pouvoir.