Les dessous de la reprise du dialogue israélo-palestinien
Tel un cheveu sur la soupe, c’est par la voix des Etats-Unis, incitateurs de la rencontre, que l’on a appris il y a quelques jours la reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens le 2 septembre prochain à Washington. L’ambition américaine est claire : créer un Etat palestinien d’ici un an. Cette relative précipitation américaine s’explique par la fin du moratoire sur les constructions israéliennes en territoire cisjordanien le 26 septembre prochain. En bref, faire pression pour que ce moratoire soit reconduit. C’est d’ailleurs la volonté du premier ministre palestinien Abbas : faire en sorte que le territoire cisjordanien ne se réduise pas de jour en jour. Le dialogue serait rompu si Israël décidait de continuer la colonisation.
Côté palestinien, il y a donc la volonté de faire pression sur l’autre partie. Mais n’oublions pas que l’Autorité Palestinienne et Abbas défendent une position très consensuelle vis-à-vis d’Israël. Les autres partis palestiniens critiquent ce choix de discussions directes avec « l’ennemi ». Mais, côté palestinien, on peut craindre un certain « enfermement ». Un des membres majeurs du Quartet pour la paix, la Russie, n’y est pas convié. Or, il est difficile de trouver un fervent défenseur de la cause palestinienne parmi les trois autres (Etats-Unis, UE et ONU). Charge à Abbas de convaincre les Occidentaux, comme Arafat avait tenté de le faire à Oslo.
Côté israélien, il aurait été difficile de penser, à l’élection de Netanyahu, qu’une telle entrevue était possible. Lui, le fervent défenseur de la colonisation israélienne, allié des nationalistes, s’est mué en conciliateur habile. Nul accord de paix possible sans la reconnaissance d’Israël comme terre des Juifs et sans Etat palestinien démilitarisé. Mais ne soyons pas fous, une seule entrevue ne pourra résoudre le problème. Exit du débat la question des frontières, le statut de Jérusalem. Autant dire les deux épineuses questions. Par exemple, Israel n’acceptera jamais de retirer ses troupes stationnant sur les rives du Jourdain.
Alors, coup de pub ou non ? On peut louer Obama pour sa volonté de devenir un Clinton-bis et de jouer les réconciliateurs. Mais Abbas n’est pas Arafat, et Netanyahu n’est pas Rabin. Un accord est impossible tant que Gaza est contrôlé par des terroristes. Et Netanyahu aura du mal à faire oublier ses relents nationalistes. Mais attendons ce mois de septembre. Après tout, la décennie 2010 pourrait être celle d’une trêve (de la fin ?) d’un conflit très géopolitique.