Les maux français à la veille de la Première Guerre mondiale
Si de 1906 à 1909, Clémenceau présida un long ministère radical, l’instabilité ministérielle devint grande à sa sortie de pouvoir. Durant les cinq ans qui suivirent, pas moins de dix gouvernements se succédèrent, à la tête desquels ont pu se trouver Poincaré, Caillaux ou Briand.
Nombreux furent à cette époque les problèmes sociaux auxquels la France se trouvait confrontée. Une agitation sociale se manifesta ainsi sur les questions agraires ou ouvrières notamment. En effet, en 1907, la surproduction viticole provoqua une chute des prix du vin dans le Midi languedocien. Et les manifestations ouvrières se multiplièrent sous l’impulsion des syndicalistes, la Confédération Générale du Travail (CGT) adoptant en 1906 la Charte d’Amiens. De fait, notamment sous l’impulsion des socialistes révolutionnaires, les grèves se multiplièrent en France. Clémenceau se fit à cet effet une réputation de « briseur de grève », n’hésitant pas à envoyer l’armée pour écraser les manifestations diverses de l’époque. Pourtant, face aux revendications des manifestants, les gouvernements successifs durent consentir à adopter de nouvelles lois sociales : en 1906, année de la création du Ministère du Travail, une loi assura aux salariés le repos dominical, et quatre ans plus tard furent créées les premières retraites ouvrières. Mais les progrès sociaux furent nettement plus lents qu’en Grande-Bretagne et surtout en Allemagne.
En 1911, la France prit enfin conscience des tensions sur la scène internationale, même si un différend prit fin cette année-là entre la France et l’Allemagne au sujet de la colonisation du Maroc, qui devient en 1912 un protectorat français. Par conséquent, la France entreprit de réformer son système militaire : le service actif fut ainsi relevé à trois ans en 1913. Dans le même temps, afin de remédier aux déficits et de pouvoir financer cet effort en faveur du secteur militaire, la France cherchait de nouveaux moyens d’engranger de l’argent. Mais les différents partis politiques, s’ils étaient d’accord sur l’objectif, étaient divisés sur les moyens. Ni Clémenceau, ni Caillaux, ne purent créer un impôt sur le revenu. Finalement, les gouvernements préférèrent augmenter les impôts qui existaient déjà.
Le mécontentement général provoqua, lors des élections de 1914, l’élection d’une Chambre majoritairement de gauche. La centaine d’élus de la SFIO se rallia au gouvernement radical nouvellement créé. Lorsque la guerre éclata, ce dernier avait d’ores et déjà décidé de ramener le service militaire à deux ans et avait voté en faveur d’un impôt général sur le revenu. Malgré ces troubles, l’agitation politique française symbolisa d’une certaine manière la force de la démocratie. La croissance économique s’accéléra prodigieusement avant la guerre, frôlant alors les 5%. Néanmoins, la France connaissait tout de même un problème majeur : avec seulement 39 millions d’habitants, et un taux de natalité tombé à 20‰, la démographie française paraissait bien en-deçà des puissances allemande et austro-hongroise, notamment.