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Le renouveau du lion éthiopien

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L’Éthiopie évoque encore souvent l’image d’un pays ravagé par la famine dans les années 80, et déchiré par des conflits ethniques et religieux. Pourtant, ce pays au passé prestigieux (seul pays africain à n’avoir jamais été colonisé), est aujourd’hui de retour sur le devant de la scène, considéré comme l’un de ces nouveaux émergents africains.

Prenant exemple sur le modèle chinois, le gouvernement dirigiste met en place depuis les années 90 des plans quinquennaux. Les résultants ont été impressionnants, particulièrement pour un pays enclavé sans ressources pétrolières. Depuis 2005, le pays affiche une croissance de près de 10%, et le pays n’est plus sous tutelle du FMI depuis 2010. Plus récemment, après des années de forte inflation, elle est aujourd’hui contrôlée à moins de 10%. Les investisseurs, particulièrement dans le textile, sont attirés par ce pays stable disposant d’un important réseau routier et de nombreux vols intérieurs, avec une importante main d’œuvre bon marché.

Toutefois, le pays a encore de nombreuses faiblesses : L’Éthiopie reste l’un des plus pauvres du monde, classé 173ème en 2012 selon l’indice IDH du PNUD et les inégalités continuent de croitre. L’économie repose encore essentiellement sur l’agriculture, et le secteur privé est encore trop peu développé. De plus, l’Éthiopie n’est toujours pas membre de l’OMC.

Les défis de l’après Meles : confirmer la croissance et le développement économique…

Depuis le décès de Meles Zenawi en Août 2012, c’est son ministre des affaires étrangères qui lui a succédé, Hailemariam Desalegn. Peu connu sur la scène nationale, il a la tâche difficile de succéder au « dernier empereur d’Éthiopie ». Il s’est tout de suite placé dans la lignée de son prédécesseur, confirmant la primauté de l’économie sur la démocratie.

Il continue la politique de grands travaux en termes d’infrastructures, notamment au niveau de l’éolien et des barrages. Avec ses hauts-plateaux, l’Éthiopie dispose d’un avantage certain pour l’éolien, comme le prouve l’ouverture en octobre 2013 de la plus grande ferme éolienne d’Afrique à Ashegoda. Au niveau des ressources hydroélectriques, après l’achèvement en 2013 du barrage Gibe III (alimentant une centrale de 1.800 mégawatts, soit presque le double de la consommation totale d’électricité en Éthiopie), le grand barrage de la Renaissance est en construction pour un objectif de 6.000 mégawatts. Le « château d’eau d’Afrique de l’Est » compte bien devenir la centrale électrique de la région, afin de fournir d’autres pays comme le Soudan, le Kenya, Djibouti.

… et assurer la stabilité politique

Mêlant forte expansion économique et autoritarisme politique, l’Éthiopie tombe dans des dérives similaires à la Chine (toute proportion gardée). Être membre du parti dominant est quasiment indispensable pour intégrer la fonction publique, ou pour développer son entreprise. Le régime se caractérise de plus en plus par une oligarchie au pouvoir, avec de nombreux comportements rentiers.

Malgré quelques critiques sur les restrictions des libertés, l’Éthiopie reçoit le soutien des pays occidentaux grâce à son combat contre le terrorisme et son rôle stabilisateur dans la région. En effet, la Corne de l’Afrique est une région marquée par les troubles et les tensions : les Chebabs sévissent en Somalie, le Sud Soudan plonge dans la guerre civile, le Kenya reste instable… L’Éthiopie fait alors figure d’îlot de calme dans la tempête d’Afrique de l’Est. Son nouveau leader tient à assurer sa stabilité pour continuer à être un leader sur la scène africaine, notamment comme le prouve son accession à la présidence de l’Union Africaine en Janvier 2013 et sa fermeté face à l’Égypte concernant l’aménagement du Nil.

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