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L’Union Européenne et l’enjeu sécuritaire (1/2)

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S’il est un enjeu qui occupe une place de premier rang parmi les préoccupations actuelles c’est bien l’enjeu sécuritaire. L’adoption récente par le Canada ou la France, de projets de loi étendant les pouvoirs des services de renseignements en sont un exemple récent. Poser la question d’un «droit à la sécurité» c’est invariablement poser la question de son équilibre avec certains droits fondamentaux, au premier rang desquels : la liberté. À cet égard, l’Union Européenne constitue un cas intéressant de tentative de conciliation entre liberté et sûreté. Forte d’une approche originale de la question sécuritaire (1), la lutte contre le terrorisme constitue un défi de taille pour le modèle sécuritaire européen (2).

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Bien que renforcée depuis le traité de Lisbonne (entré en vigueur en 2009), la politique de défense et de sécurité de l’Union Européenne se heurte à une faible volonté de délégation des pouvoirs de la part des Etats membres.

Dès décembre 2003, l’Union Européenne (UE) se distinguait par une approche singulière et originale de la sécurité. Ainsi, à l’heure où le président américain G.W Bush identifiait un «Axe du Mal» et déclarait vouloir privilégier l’action militaire dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, l’Union Européenne se différenciait par une approche connue sous le nom d’«approche globale de la sécurité». Le Conseil de l’Union Européenne, dans une stratégie de sécurité intitulée Une Europe sûre dans un monde meilleur, soulignait que «contrairement à la menace massive et visible du temps de la Guerre froide, aucune des nouvelles menaces n’est purement militaire et ne peut être contrée par des moyens purement militaire». Concrètement, les dirigeants européens rappelaient que la force ne peut être un instrument systématique de réponse aux crises, que le caractère non-démocratique de certains régimes ne constitue pas une raison suffisante pour se dispenser d’une phase de dialogue et de négociation ou encore que l’aval des Nations Unies constitue un passage obligé pour toute action militaire.

À titre d’exemple, en 2008, l’UE succède à l’Organisation des Nations Unies (ONU) pour la construction d’un Etat de droit au Kosovo. Avec près de 1 400 personnes mobilisées (juges, magistrat, policiers), il s’agit d’une des plus importantes missions civiles de l’UE. Dans le cadre du conflit russo-géorgien de 2008, l’UE joue un rôle central dans la conclusion d’un accord de cessez-le-feu entre les deux parties et veille à son respect par l’intermédiaire de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).

Si un relatif consensus semble exister quant à la pertinence d’une approche globale de la sécurité, force est de constater que les opinions divergent sur les moyens à mettre en place.

La création ou non d’une armée européenne en est l’exemple le plus évident. L’UE se trouve donc dans cette situation singulière d’une vision plutôt partagée de la question sécuritaire mais sans politique étrangère commune pour la défendre… À cet égard, la lutte contre le terrorisme constitue un cas à part. Menace transnationale par excellence, où les notions de sécurité intérieure et extérieure se confondent, la menace terroriste constitue un enjeu de taille pour la défense du modèle sécuritaire européen. Est-ce pour autant une source de motivation suffisante à engager une coopération renforcée pour les Etats membres?

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